L'ascension de la Chine au statut de superpuissance économique pose un dilemme stratégique aux gouvernements européens. L'empire et ses 1,4 milliard d'habitants sont devenus une part indispensable de leur économie, à la fois en tant que marché et en tant qu'investisseurs. Mais avec la guerre commerciale de plus en plus acharnée entre États-Unis et Chine, l'Europe se retrouve prise entre deux feux, sans politique claire et concertée sur la manière de traiter les investissements chinois.
Août 2019
L'ascension de la Chine au statut de superpuissance économique pose un dilemme stratégique aux gouvernements européens. L'empire et ses 1,4 milliard d'habitants sont devenus une part indispensable de leur économie, à la fois en tant que marché et en tant qu'investisseurs. Mais avec la guerre commerciale de plus en plus acharnée entre États-Unis et Chine, l'Europe se retrouve prise entre deux feux, sans politique claire et concertée sur la manière de traiter les investissements chinois.
La Chine exploite largement les échecs de nos gouvernements – et aide, de fait, les régions et pays dans le besoin. L’investissement direct à l’étranger (IDE) de la Chine dans l’Union européenne a été multiplié par près de cinquante en seulement huit ans.
Or, cette interdépendance économique semble utilisée par le gouvernement chinois non seulement pour servir des objectifs économiques, mais aussi géostratégiques – utilisant ses investissements pour acquérir de l’influence politique.
Alors que la mondialisation de la Chine se poursuit rapidement, IE pose la question : est-ce une bonne chose pour l’Europe, ou le prix est-il trop cher à payer ?
Nos journalistes ont parcouru l’Europe, du Portugal à Kirkenes – dans le grand Nord norvégien – pour y répondre. Leurs conclusions vous surprendront peut-être.
Suivez nos publications qui seront mises à jours dans les semaines à venir
Le jeu de go de la Chine autour des ports européens
Dans leur stratégie de conquête des « nouvelles routes de la soie », les ports européens sont des cibles privilégiées de la Chine. Depuis la prise de contrôle totale du Pirée en avril 2016, une douzaine de ports ont vu des opérateurs chinois investir leurs quais. La Chine n’en fait pas mystère. Les ports européens font partie de ses cibles dans son grand projet de conquête des « nouvelles routes de la soie ». Méthodiquement, les sociétés chinoises investissent les quais et les terminaux à conteneurs délaissés par les opérateurs privés européens et les collectivités frileuses.
La Chine veut faire de la Norvège le premier port d’escale de sa « Route polaire de la soie »
Qu’obtient-on si l’on mélange un maire dévoué, un pionnier de la navigation en mer, un Arctique en état de fonte avancée, les intérêts chinois et la troisième plus grande entreprise de containers au monde ? Un projet de « Rotterdam de l’Arctique » à Kirkenes, au nord de la Norvège. La journaliste d’Investigate Europe Ingebord Eliassen s’est rendue dans le grand Nord pour en savoir plus.
Nous avons consacré une partie de notre enquête sur les investissements chinois en Europe à la manière dont la Chine fait taire les critiques sur ses violations des droits humains (qualifiés « d’affaires internes ») par des pressions économiques et politiques – y compris en Europe.
Le journaliste d’IE Nico Schmidt a documenté les méthodes utilisées : visites désagréables à des politiciens, espionnage de minorités et PDG de multinationales contraints de s’incliner devant les pressions.
Pendant la crise de l’euro, les gouvernements de l’UE ont fait pression sur la Grèce et le Portugal pour qu’ils vendent certaines infrastructures essentielles à des entreprises chinoises. Ils prônent aujourd’hui l’inverse.