Retraites dorées des eurodéputé.es : après nos révélations, le Parlement décide de coupes drastiques

Pascal Hansens || ""
Pascal Hansens
Sigrid Melchior || ""
Sigrid Melchior
Leïla Miñano || ""
Leïla Miñano
24 mai 2023
Après la publication de nos informations il y a deux semaines et la menace de banqueroute qui pèse sur le Fonds de pension volontaire des eurodéputé.es, le bureau du Parlement va procéder à des coupes sévères dans les retraites des bénéficiaires. Parmi elles et eux, Jean-Pierre Raffarin, Brice Hortefeux, Jean-Marie et Marine Le Pen.
Pour faire face à la faillite imminente et limiter le scandale avant les élections européennes, le Parlement européen s’est décidé à prendre le taureau par les cornes. Hier soir, à l’occasion d’une réunion du bureau du Parlement européen, ses membres ont scellé « un accord de principe » pour modifier les conditions d’un régime de retraites complémentaires dont Investigate Europe (avec Médiapart) dévoilaient la liste des bénéficiaires il y a deux semaines.

Jusqu’à hier, deux options étaient encore sur la table. Mais contre toute attente, l’organe décisionnel du Parlement européen a choisi la plus drastique : la réduction de 50 % des pensions, le gel de l’indexation automatique et le passage de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans.

D’après les calculs d’Investigate Europe, un.e député.e ayant cotisé pendant dix-neuf ans pouvait, grâce à ce fonds, doubler le montant de sa pension et toucher jusqu’à 13 640 euros par mois (6 866 euros de retraite « classique » + 6 774 du Fonds de pension volontaire).

Cette proposition comprendrait par ailleurs une porte de sortie, selon une source de premier plan : la possibilité pour les bénéficiaires de se retirer volontairement du Fonds de pension volontaire (FPV), en récupérant leurs contributions en une seule fois, avec un bonus de 20 %.

Les mesures contenues dans cet accord devraient permettre de réduire le déficit de 224 millions d’euros – sur les 310 millions estimés –, selon des calculs internes réalisés par le bureau. Il resterait alors 86 millions d’euros à trouver pour le combler tout à fait.

À la suite également de nos révélations, les trois membres du bureau bénéficiaires du fonds, Othmar Karas (autrichien, PPE), Roberts Zīle (letton, CRE) et Dimitrios Papadimoulis (grec, La Gauche) se sont finalement déportés du processus de décision.

L’accord de principe scellé, ces mesures vont être formellement couchées sur le papier. A priori une simple formalité, puisque le document rédigé ne fera l’objet d’aucune validation par le Parlement, mais reviendra simplement sur la table des membres du bureau. Enfin, un nouveau rendez-vous a été pris en 2024 pour faire le point sur le montant du déficit. À ce moment-là, le nombre de député·es qui auront choisi de quitter le fonds sera connu.

Mais pour certains, comme l’eurodéputé allemand Daniel Freud (Verts), le compte n’y est pas. Pour l’ancien rapporteur du budget du Parlement, « cela va dans le bon sens, mais il est clair qu’il ne s’agit que d’une décision partielle. Car le FPV va faire faillite, seulement avec un déficit moins important que prévu. À la fin, il finira par être renfloué avec l’argent des contribuables. Et ça fera beaucoup d’argent ».

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