Le piège du gaz naturel : comment l’Europe investit 100 milliards d’euros dans les énergies fossiles.

Si l’Europe veut atteindre ses objectifs de « neutralité carbone » d’ici 2050, elle doit réduire sa consommation en énergies fossiles. C’est une évidence. Mais est-ce que passer d’une énergie fossile (le pétrole et le charbon) à une autre (le gaz naturel) est vraiment la meilleure solution ? En se basant sur les données collectées par l’organisation américaine Global Energy Monitor (GEM), Investigate Europe peut démontrer que l’industrie rassemble en ce moment 104 milliards d’euros d’investissements pour des infrastructures gazières, ou envisage de le faire.

Si une partie de ces infrastructures pourra permettre de transporter les énergies renouvelables du futur (les gazoducs transportant de l’hydrogène, par exemple), la majorité ne pourront pas être réaménagés. Ces investissements courent donc le risque de ne servir à rien ou de construire des actifs inexploitables. Ils deviendront donc obsolètes avant même d’avoir pu générer de retour sur investissements.

Les économistes et les chercheurs sur le climat craignent que ces investissements ne soient finalement qu’un piège du gaz. « [Le gaz naturel] ne fait plus partie des solutions, c’est devenu un problème », jugent les expert.e.s de l’institution allemand de recherches économiques (DIW). Claudia Kemfert, qui est à la tête du département énergies de DIW prévient : « tous investissement dans des infrastructures liées aux énergies fossiles, ce qui inclue les gazoducs et les ports méthaniers, seront à fonds perdus. »

L’instrument de planification centrale, pour les politiques énergétiques européennes sont les Projets d’intérêt général, ou la liste PIC. Dans ce cadre, les investisseurs et investisseuses ont la possibilité de se voir attribuer des fonds et des prêts de la part de la Banque européenne d’investissement ou d’investisseurs privés.

L’actuelle liste PIC, la quatrième du nom, inclue 32 projets gaziers, qui non seulement vont par nature à l’encontre des engagements climatiques, mais qui semblent en plus totalement superflux. En janvier dernier, la société de conseil française Artelys a publié une étude pour le compte de la Fondation européenne pour le climat. Selon son directeur Christopher Andrey, les conclusions du rapport sont claires comme de l’eau de roche : « l’Union européenne risque d’investir 29 milliards d’euros à perte, dans des projets inutiles ».

 Néanmoins, les parlementaires européen.ne.s ont validé cette liste PIC. Mais ils et elles n’avaient pas d’autre choix que de valider la liste dans son intégralité, impossible de valider un à un les projets. Toute objection concernant les projets gaziers, qui aurait retardé le vote, aurait donc aussi pu freiner des projets impliquant également les énergies solaire et éolienne.


Jean-Christophe Verhaegen/EU 2019
Ursula von Der Leyen avec Frans Timmermans

Pourtant, objection il y eut. Renew Europe, un groupe de parlementaires européen.ne.s, a demandé à Frans Timmermans, vice-président de la Commission européenne, et à la Commissaire Kadri Simson de « s’assurer que seuls les projets climatiquement neutres figurant sur la liste PIC recoivent le soutien de l’Union ». Ils et elles ont aussi demandé qu’une « analyse en profondeur de ces projets gaziers figurant dans la liste afin de ne financer que ceux qui répondent à un besoin et qui sont vraiment compatibles aux nouveaux engagements climatiques et environnementaux, pris dans le cadre du Green Deal. »

Cependant, la Commissaire chargée du climat a indiqué que ces changements ne pourraient s’appliquer que pour la prochaine liste. Ainsi, 32 (voire 55 selon certaines ONG) de ces 149 projets finalement adoptés servent à étendre l’utilisation du gaz naturel.

Dans un communiqué de presse, Frans Timmermans vice-président pour le Green Deal européen réaffirme pourtant : « nous sommes en train de passer des paroles aux actes pour montrer aux citoyens et citoyennes européen.ne.s que nous sommes sérieusement engagé.e.s à atteindre l’objectif zéro émission d’ici 2050 ».

Démêler la toile

Donc si l’on en croit ces mots, la question est simple : comment autant de projets gaziers, qu’on pourrait juger superflux, ont pu tout bonnement figurer dans cette liste au départ ?

Pour répondre à cette question, il faudrait parvenir à déterrer un très dense réseau d’influence lobbyiste sur tous les niveaux de la politique. Depuis le Parlement européen à la Commission en passant par les gouvernements nationaux, des questions surgissent quant à la sécurité énergétique, le besoin de trouver des énergies de « transition »… le gaz, lui, en tant qu’instrument de pouvoir géopolitique joue une toute autre partie, dont les règles ne sont ni écologique ni économiques.

Le lobbying des énergies fossiles dans l’Union européenne, ce n’est pas rien. Les géants de l’industrie emploient des centaines de lobbyistes rubis sur ongle (on atteint les 250 millions d’euros en dix ans). Le centre de recherches Corporate Europe Observatory a évoqué ce chiffre dans son rapport « Green (or grey) Deal » et l’un des auteurs du rapport, Pascoe Sabido explique que c’est ainsi qu’ils « achètent un accès et de l’influence ».

Silvia Pastorelli, militante Greenpeace sur la question du climat et de l’énergie, a raconté à Investigate Europe que l’industrie a changé de tactique ces dernières années. Après avoir tout simplement nié l’existence du réchauffement climatique, elle « tenterait à présent d’affaiblir la législation et autant que possible, de faire un travail de sape ». Quelque chose qui se joue déjà selon elle, dans la défense du gaz, présenté comme « un combustible transitoire », une transition qui pourrait plutôt agraver l’urgence climatique. De récentes études (publiées par Energy Watch) montrent que passer du charbon au gaz naturel en tant que ressource énergétique pourrait en fait augmenter les émissions de gaz carbonique à hauteur de 40%, à cause du méthane ».

Combien de gaz ?

Pour revenir à la question de la quantité de gaz dont l’Europe pourrait avoir besoin (bien moins qu’elle ne le croit, suggère Artelys), là aussi on peut ressentir l’emprise des industriels. Le simple processus de rassembler une liste PIC est opaque. À la manoeuvre, un groupe obscur au nom sybillin ENTSOG (les initiales de European Network of Transmission System Operators for Gas). L’ENTSOG est officiellement une ONG, mais elle agit plutôt comme un lobby. En avril dernier, on a trouvé sa signature aux côtés de celles d’industries gazières, en bas d’une lettre adressée à la Commission européenne et demandant d’utiliser les fonds de relance du COVID-19 pour financer de nouvelles infrastructures gazières « décarbonnées ».

Ce sont des analyses et des modèles émanant de ENTSOG qui ont permis d’établir les futurs besoins de l’Europe en gaz et qui ont porté sur la liste PIC les projets controversés. Colin Roche des Amis de la Terre a expliqué : « nous ne connaissons même pas le mode de calcul qu’ENTSOG utilise dans ses scénarios. Tout est opaque, même ACER (l’Agence de coopération pour les régulateurs de l’énergie) qui sont mandatés pour donner leur opnion sur le process, ont d’incroyables difficultés à gérer ce manque de transparence ».

L’inscription dans la liste permet à chaque prohet de recevoir en priorité une aide publique pour construire ses fondations, et donc la boucle est bouclée.

Silvia Pastorelli nous a expliqué que les sociétés “n’ont fait que surestimer leurs besoins en gaz naturel et que de fait les membres d’ENTSOG ont presque reçu 90% des subventions de l’UE pour les infrastructures gazières, ce qui représente beaucoup d’argent, et le fait que ce soit eux qui prennent les décisions leur donne énormément de pouvoir. »

Ces nouvelles infrastructures qui sont soit en cours de construction soit en projet incluent des ports méthaniers et des gazoducs. Selon le GIIGNL (le groupe international des importateurs de gaz naturel liquéfié) une association internationale d’importateurs de méthane, 2019 a été une année record pour l’Europe. Elle aurait connu une hausse d’importation de 75,6% comparé à 2018. L’Europe considère que les importations de méthane, et donc les ports méthaniers, sont importants pour sécuriser l’approvisionnement comme le démontrent la stratégie de sécurité énergétique européenne et la stratégie choisie de stocker le gaz naturel liquéfié.

Un port méthanier en Italie

Mais selon le rapport « Le gaz à un carrefour » de l’organisation non gouvernementale Global Energy Monitor (GEM), l’Europe est déjà surdoté en termes d’infrastructures gazières. La capacité européenne d’importation de gaz est déjà deux fois supérieure aux consommations de l’Union. On peut lire dans le rapport que « les niveaux de consommation étaient à peu près de 60%, laissant donc 40% de capacités en rab ». Et une étude de GEM a prouvé que 117 milliards d’euros sont d’ores et déjà voués au développement de projets gaziers, dont 52 milliards pour la construction de nouveaux gazoducs, 12 milliards pour des ports méthaniers et 53 milliards pour des centrales électriques fonctionnant au gaz ».

La construction de gazoducs est aussi sujette à contentieux. Alors que certains critiques expliquent que toute nouvelle infrastructure gazière deviendrait un actif immobilisé ou bloqué, d’autres pensent que les projets en cours ou futurs d’acheminement gazier pourrait prochainement être adaptés au transport de l’hydrogène. Michael Diderich, directeur de la technologie chez Hydrogen Europe en est convaincu. Il nous confie : « la mise à niveau des infrastructures du réseau gazier empêchera le blocage de ces actifs et permettra un transport d’énergie en vrac ». Mais Frans Rooijers, directeur du think tank néerlandais CE Delft reste sceptique. Il concède que l’hydrogène n’implique pas de difficulté technologique en tant que telle, mais « économiquement, l’hydrogène est actuellement prohibitive ». Les prix bas du gaz naturel rendent dr’autant plus inenvisageable pour les industries de passer à l’hydrogène. « L’industrie va continuer à utiliser du gaz naturel pendant quelques temps, prédit Frans Rooijers. Donc même s’il était envisageable d’adapter une partie des gazoducs, ce sont bien les tarifs qui feront sans doute barrage.

Claudia Kemfert, qui est à la tête de l’Institut d’allemand pour la recherche économique ajoute : « toutes les nouvelles constructions d’infrastructures gazières sont un investissement à perte ». Il existe un risque à faire de mauvais choix d’investissements à grande échelle. À la fin, ce seront les consommateurs et les consommatrices qui paieront la note. Parce qu’ils et elles financent les mauvais choix des opérateurs, via leurs factures.

Et pour l’hydrogène ? Est-il vraiment la nouvelle énergie du futur ou bien une jolie opération marketing ? L’Union européenne penche pour la première solution comme « un soutien essentiel à l’engagement européen d’atteindre la neutralité climatique d’ici 2050 » et selon la stratégie hydrogène européenne, c’est bien la « priorité, que de réussir le pari du Green Deal européen et de réussir la transition vers les énergies propres ».

Toutes les nuances de l’hydrogène

Seulement l’hydrogène a plusieurs couleurs. Certaines plus vertes que d’autres. Le gaz n’est climatiquement neutre que s’il est produit à partir d’électricité climatiquement neutre (issue des énergies renouvelables). Mais à peu près un quart de l’énergie électrique se perd en cours de route. Pour ensuite transporter l’hydrogène, il doit être refroidi et comprimé. Ensuite, si l’hydrogène est converti en électricité, à l’aide d’une pile à combustible, alors seul 20% de l’énergie électrique qu’a coûté la production pourra être finalement utilisée.

L’énergie la plus verte, sans surprise, c’est l’hydrogène verte, dans laquelle grâce au courant électrique, tous les composants de l’eau, l’oxygène et l’hydrogène, sont divisés. L’idée serait de produire de l’hydrogène dans des fermes éoliennes offshore, le transporter en tanker ou via des pipelines (en adaptant les gazoducs existants). Des plans ont déjà été dessiné pour des usines prototypes, il ne reste aux compagnies d’électricités que la volonté pour les construire.

Même si une technologie améliorée et plus massivement utilisée pourrait mener à des baisses tarifaires significatives, l’hydrogène vert coûte aujourd’hui deux dois que cher que l’hydrogène gris, produit à partir de gaz naturel, dans de grandes usines pétrochimiques. Petit frère de l’hydrogène gris, l’hydrogène bleu est produit de la même manière, mais le CO2 généré lors de sa production est capturé puis stocké grâce à la technologie de séquestration du dioxyde de carbone (CCS). L’hydrogène turquoise vient aussi du gaz naturel, mais la méthode utilisée est celle des très hautes températures qui génèrent non pas du CO2 mais du carbone à l’état solide, qui peut être utilisé dans l’industrie chimique ou électronique. L’hydrogène turquoise ne sert les objectifs environnementaux que s’il est produit dans de très grandes usines qui disposent de chaleurs résiduelles

On a demandé à Jean-Pascal van Ypersele, physicien du climat et ancien vice-président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (IPCC), son opinion sur le rôle de l’hydrogène dans la stratégie climatique européenne. « En théorie, il est toujours mieux d’avoir de l’hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables et utilisé à la fois comme un vecteur et un moyen de stockage, plutôt que de continuer à dépenser des énergies fossiles », a-t-il répondu.

ZUMA Press/Alamy
Jean-Pascal van Ypersele participe à une manifestation pour le climat à Bruxelles en Belgique

Mais l’experte en hydrogène des Amis de la terre, Tara Connolly, alerte explicitement sur dangers d’une opération marketing de l’hydrogène. « L’hydrogène va jouer un petit rôle mais un rôle important dans la transition énergétique européenne », a-t-elle dit. « Nous ne devons laisser cette opération hydrogène nous empêcher d’investir dans les économies d’énergie et les énergies renouvelables ».

Des avis partagés

La séquestration du dioxyde de carbone (CCS) (le procédé par lequel le CO2 est capté, transporté et stocké) elle aussi fait du remous. Déjà interdite en Allemagne, elle joue déjà un rôle clé dans trois des quatre scénarios dessinés par l’IPCC pour parvenir à contenir le réchauffement climatique en dessous des 1,5 degrés celsius. Les gouvernements du Royaume-Uni, des Pays-Bas et surtout de la Norvège (qui a récemment annoncé le financement du projet de CCS Northern Lights) incluent tous le CCS dans leurs stratégies, pour répondre aux objectifs climatiques. Certains des arguments qui s’y opposent ressemblent à ceux qui font barrage à l’hydrogène : les coûts (les opposant.e.s affirment que c’est inabordable et les partisan.ne.s affirment qu’avec la généralisation les prix baisseront), et les investissements perdus. L’organisation Center for Environmental Law (CIEL) va jusqu’à le qualifier d’outil de « négation climatique » dans son rapport « Fuel to The Fire« . Ses auteurs et autrices considèrent que le CCS est une façon de « sauver » l’industrie du charbon.

Geoffrey Maitland, Professeur d’ingénierie énergétique à l’Imperial College de Londres, qui dispose du plus grand programme de recherche sur le CCS du Royaume-Uni, voit les choses différemment : « non, utiliser le CCS ne réduit en aucune façon l’élan pour l’élimination des énergies fossiles, mais je ne vois pas d’autres moyen d’atteindre les objectifs climatiques de 2050 sans y avoir recours ». Il a expliqué que même pour atteindre les objectifs avec le CCS, il fallait un investissement immédiat de la part des gouvernements et de l’industrie, conjointement. Le Royaume-Uni par exemple aurait besoin de « construire à peu près 20 usines de CCS au niveau de quelques méga-tonnes annuelles pour arriver à une contribution suffisante pour s’approcher du niveau zéro d’émissions. »

La mer du Nord offre un espace vaste et reculé pour stocker du carbone. C’est donc sans surprise que ce sont les pays européens du nord qui y ont pensé comme d’un moyen pour arriver à la neutralité carbone. L’Allemagne, à l’opposé, a voté une interdiction de stockage de CO2 sur la terre ferme, et ce quelle que soit l’échelle industrielle. La géographie joue un grand rôle dans l’habilité d’un pays à avoir recours à cette technologie. Il n’existe pas de politique européenne à « taille unique ».

Alors que de nombreuses associations pour l’environnement se sont publiquement opposées au CCS, certaines leurs sont favorables. « C’est tout à fait irresponsable de dire que nous n’avons pas besoin du CCS », soutient Jonas Helseth, directeur de Bellona Europe. « Nous sommes face au plus grand défi de l’humanité. Nous n’avons pas fait ce qu’il aurait fallu faire depuis si longtemps, même si on savait. Maintenant, nous n’avons plus le luxe de choisir les solutions que nous jugeons les plus confortables. Nous devons faire avec ce que nous avons. »

L’influence industrielle

Quel est donc le rôle de l’industrie gazière ? Nous avons bien vu son influence dans les coulisses des politiques mais comment répond elle à cette critique ?

Patrick Corbin, Président de l’Association Française du gaz, a accepté de nous répondre. Et il reconnait que le gaz, même s’il est appelé naturel, reste une énergie fossile incompatible avec les objectifs de neutralité carbonne de 2050, et qu’il doit être substitué par un gaz renouvelable, comme le bio-méthane. Il a aussi trouvé une utilité au CCS.

Concernant les nouvelles infrastructures gazières, il a comparé la France, dont les « infrastructures actuelles sont suffisantes » à l’Allemagne, qui ne dispose d’aucun port méthanier et qui ferme ses centrales à charbon et ses centrales nucléaires. « L’électricité qui était produite dans ces structures devra être remplacée par une autre », a-t-il ajouté.

Concernant le fait de répondre aux objectifs climatiques, il a répondu : « nous devons faire tout notre possible pour atteindre les objectifs de 2050. Concernant le gaz, il n’existe pas de solution unique qui nous permettra de rejoindre cet objectif final, nous aons une panoplie de solutions : le bio-méthane, l’hydrogène, le CCS… ce n’est pas l’une ou l’autre, c’est la conjugaison des trois ».

En réponse aux accusation de lobbying, il a répondu que « les membres de la Commission ont d’autres façons de se forger leurs propres opinions », ajoutant qu’ils ont toujours agit dans la transparence. « On ne se cache pas sous un faux nez, on le fait autant que faire se peut sur la base d’études sérieuses et publiques ». 

Considérant le futur, il ajoute : « tout d’abord, il faut contribuer au développement du bio-méthane. Ensuite, il y a la pyro-gazéification : comment on peut transformer des déchets organiques, comme des palettes de bois, en gaz réinjectable dans le réseau. Ensuite, on ne peut rien faire sans le CCS. Et puis arrivé.e.s là, on peut enfin mettre un terme au gaz naturel ».

Mais les biocarburants demandent des ressources naturelles, des hectares de terre qui ne peuvent plus être utilisés pour l’alimentation. Les amis de la terre voit déjà poindre des limites dans le rôle de la bio-énergie. Dans leur document de synthèse, les militant.e.s sont clair.e.s : y avoir recours ne peut être possible « que si elle permet de réduire les émissions de gaz à effet-de-serre sans pour autant détruire les ressources naturelles ou les moyens de subsistance des personnes ».

La menace du changement climatique se vérifie de plus en plus avec chaque année qui passe, et c’est seulement maintenant que la situation est considérée urgente, que les gouvernements et les institutions commencent enfin à la prendre au sérieux. Il est facile de blâmer les industriels, mais ils ne font que leur travail : délivrer un service tout en dégageant un bénéfice pour leurs actionnaires. Nous devons regarder plus attentivement les décideurs et décideuses politiques pour savoir s’ils ou elles concrétisent leurs promesses audacieuses, par des actions immédiates.

D’accord, il n’existe pas de solution « à taille unique », mais ce qui rassemble toutes ces solutions c’est qu’il faut les considérer avec sérieux. Qu’il s’agisse d’investir de l’argent dans des champs d’éoliennes, dans l’hydrogène vert, le CCS ou une alliance des trois, nous n’avons pas le temps de tergiverser. Des investissements doivent être faits et des engagements doivent êtres pris maintenant, pour commencer à agir. Le gaz a pu être considéré comme une énergie transitoire ces dix dernières années, mais nous avons dépassé tout cela et continuer d’investir dans de nouvelles infrastructures sans prendre en compte les arguments sur la conversion à l’hydrogène ou le CCS, ne fera que nous pousser plus loin dans la mauvaise direction. Plus grave encore : les rapports qui suggèrent que ces nouveaux investissements gaziers sont tout bonnement futiles. Il est temps de passer aux énergies alternatives. Si l’on attend encore dix ans, il sera trop tard.


This article is a co-publication with Open Democracy.

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The production of this investigation was supported by a grant from the Investigative Journalism for Europe (IJ4EU) fund.